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Quasimodo

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Un jeune historien me demandait encore récemment de l’éclairer sur la signification de "Quasimodo", cette appellation ancienne d’un dimanche de l’année liturgique. 

Dans le roman de Victor HUGO "Notre-Dame de Paris"  le personnage difforme de Quasimodo hante les tours de la cathédrale et se consume d'amour pour la belle Esmeralda. Il porte ce nom parce que, enfant abandonné, il fût trouvé précisément un dimanche de Quasimodo.

Pour répondre simplement à la question on peut dire que la régularité du cycle liturgique a développé l’usage en chrétienté de désigner certains dimanches par les premiers mots de l’antienne d’ouverture de la messe. Par suite, les  fêtes religieuses qui rythmaient la vie sociale (avant 1905) et dont les dates étaient mobiles dans le calendrier civil, restaient aisément identifiables.  En littérature on rencontre souvent ces appellations : chez Péguy bien sûr, mais aussi par exemple dans la législation  du 2nd Empire. En voici quelques unes, les principales :

QUASIMODO = 1er dimanche après Pâques. La messe commence par un extrait  de la Première épître de Pierre : " Comme-(de la même façon que)- des enfants nouveaux-nés, désirez le lait spirituel et pur..." . En latin : Quasi modo geniti infantes...  ».  

Ce dimanche était aussi celui du rendez-vous annuel du Conseil de Fabrique (aujourd'hui Conseil Paroissial pour les Affaires Economiques) où l'on cloturait les comptes de l'année écoulée et lancait le prévisionnel de l'année en cours, généralement autour d'un copieux repas.

REMINISCERE : 2ème dimanche de Carême. Dans la marche vers Pâques : Rappelle-toi "Reminicere miserationum tuarum, Domine" - Souviens-toi Seigneur de ta tendresse –(Psaume 24. v6)

OCULI :  3ème dimanche de Carême. Dans la marche vers Pâques : Ouvre mes yeux «Oculi mei semper ad Dominum» Mes yeux toujours vers le Seigneur-(Psaume 25. v15).

LAETARE : 4ème dimanche de Carême. Dans la marche vers Pâques, réjouis-toi, le but est proche. "Laetare Jérusalem !" Réjouis-toi, Jérusalem ! (Isaïe 66, 10).

GAUDETE : 3ème dimanche de l’Avent, la messe commence par : «Gaudete in Domino semper »  Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur - (1 Thessaloniciens 5, 16).

REQUIEM (messe des morts) parce que l’ancien rituel des funérailles commencait par : "Requiem aeternam dona eis Domine»  - Seigneur, accorde le repos éternel …

 Il faut noter que cette manière de faire n'est pas d'origine chrétienne, c'est avant tout celle de la Bible. Les Hébreux intitulaient déjà leurs livres sacrés par leur incipit. Par exemple, le premier livre biblique, pour nous la « Genèse », s’appelle pour les juifs «Bereshit » (au commencement), tout premier mot de la première phrase : Bereshit bara elohim = Au commencement Dieu créa... le ciel et la terre ».

Repris ensuite en chrétienté, cet usage de l’incipit  s'est généralisé, on le trouve encore aujourd’hui :

- Dans les prières ou acclamations, Kyrie, Agnus Dei, Gloria, Magnificat, Salve Regina, Credo, Notre Père, Je vous salue Marie, etc.

-et dans les textes de l’Eglise. Les encycliques ou les  constitutions conciliaires, par exemple, sont dénommées encore d'après leur incipit : Lumen Gentium cum sit Christus (le Christ est la lumière des peuples...),  Gaudium et Spes (gaudium et spes, luctus et angor hominum huius temporis : les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps...), Evangelii Gaudium, etc.  

                                                                                                                                                            Juin 2015 -   Br. Vaze